Une exposition incontournable pour les amateurs d'art : Ellsworth Kelly à la Fondation Louis Vuitton (Paris)

L’art nous offre des perspectives nouvelles, insufflant de l’extraordinaire dans notre quotidien. L’art sublime notre expérience du monde et nous dévoile des vérités profondes sur nous-mêmes. Un chef-d’œuvre ne doit pas seulement nous émouvoir, il doit aussi nous inviter à réfléchir davantage à l’essence même de notre humanité. Un artiste est voué à inspirer, à enchanter et à déconcerter. À l’instar d’Ellsworth Kelly, peintre, graveur et sculpteur américain, qui a parfaitement incarné ces nobles idéaux.

Ellsworth Kelly est l’un des pionniers du minimalisme, considéré par beaucoup comme l’un des plus grands artistes américains ainsi qu’une figure importante de l’art du XXe siècle. Pendant plus de 70 ans et dans un élan non conformiste, il a imaginé des créations saisissantes en alliant blocs géométriques et couleurs éclatantes. Ses peintures hard edge abstraites pour lesquelles il expérimente la technique des champs de couleur, en avance sur son temps, ont posé les jalons du mouvement minimaliste dans les années 1970.

Joyeuses, vivantes, inspirantes et souvent controversées, les œuvres d’Ellsworth Kelly mettent à l’honneur les formes et les couleurs. Les amateurs d’art peuvent découvrir les pièces majeures d’Ellsworth Kelly dans le cadre de l’exposition organisée par la Fondation Louis Vuitton à Paris.

Ellsworth Kelly : sa vie, son œuvre, ses inspirations

L’histoire de la vie d’Ellsworth Kelly et de ses inspirations est aussi colorée et captivante que ses œuvres d’art. Enfant prodige, il façonne sa vision artistique lors de la Deuxième Guerre mondiale, puis entre Paris et les États-Unis.

Débuts

Né en 1923 dans le New Jersey, Ellsworth Kelly semble destiné à devenir artiste. Il réalise ses premières œuvres à l’école primaire puis reçoit, au collège, le prix du « Meilleur artiste » par ses camarades. Sous l’impulsion de son professeur d’art au lycée, mais non sans une certaine réticence, les parents d’Ellsworth Kelly l’inscrivent au Pratt Institute de Brooklyn, où il étudiera de 1941 à 1943 avant d’être mobilisé par l’armée.

Service militaire

L’armée parvient rapidement à exploiter le talent artistique prodigieux d’Ellsworth Kelly. Affecté à l’unité « fantôme » (Ghost Army), l’artiste est alors chargé de fabriquer des chars et des camions factices gonflables et d’utiliser des subterfuges pour tromper les forces ennemies. Parcourant la France, l’Angleterre, la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne, il est fortement influencé par les joyaux romans et byzantins de l’art et de l’architecture en Europe.

Après guerre

Après la guerre, Ellsworth Kelly bénéficie d’une bourse dans le cadre du G.I. Bill et intègre la School of the Museum of Fine Arts de Boston de 1946 à 1947. C’est là qu’il présente sa première exposition et qu’il commence à enseigner l’art.

Las de Boston, l’artiste s’installe en France en 1948 pour y parfaire sa vision artistique et forger son style. Il entre alors aux Beaux-Arts de Paris, même s’il ne s’y rend que rarement. Il puise son inspiration dans les œuvres de Monet, de Picasso, de Cézanne, de Matisse, ainsi qu’auprès de son cercle intime : John Cage, Merce Cunningham, Jean Arp ou encore Constantin Brancusi. Malgré ses résultats insuffisants, il impose son style minimaliste emblématique à Paris au cours des cinq années qui suivent.

Reconnaissance

S’immergeant dans l’art et s’entourant d’autres talents de renom, Ellsworth Kelly passe rapidement d’un style figuratif (représentant les formes telles qu’il les perçoit) à une technique abstraite remarquable.

Il s’inspire alors de la nature et de l’architecture pour représenter les détails et les couleurs qu’il observe dans des formes épurées. Sa palette se compose de couleurs basiques telles que le noir, le jaune, le bleu, le vert et le blanc. Il crée des formes géométriques simples sur des toiles en relief, souvent multipliées. Son œuvre est audacieuse et controversée, tant les critiques peinent à associer ses peintures aux tendances artistiques de leur temps.

Retour aux Etats-Unis

Si les six années qu’il passe à Paris s’avèrent prolifiques sur le plan artistique, Ellsworth Kelly ne parvient pas à maîtriser le français et ne vend qu’un seul tableau. Expulsé de son studio, il retourne aux États-Unis pour se faire un nom sur la scène artistique new-yorkaise. Bien que les critiques ne comprennent toujours pas ses créations, sa première exposition organisée en 1956 est un succès. New York est en émoi face à ce jeune peintre abstrait avant-gardiste dont les œuvres se distinguent de celles de ses contemporains.

Années 1960 et suivantes

Tout au long des années 1960, Ellsworth Kelly réalise des œuvres majeures telles que Blue on White, et propose des toiles à la forme inhabituelle, à l’image de Yellow Piece, une création révolutionnaire. L’artiste repousse sans cesse les limites, redéfinissant la manière dont une œuvre d’art interagit avec l’espace qui l’entoure tout en le contextualisant. En parallèle de ses tableaux, l’artiste se livre à la sculpture, en produisant pas moins de 140 pièces.

Ellsworth Kelly restera actif jusqu’à sa mort en 2015, à l’âge de 92 ans. Ses œuvres se veulent joyeuses, intrigantes et énergiques. Nous invitant à réfléchir à la façon dont nous percevons le monde, elles ont exercé une influence immense dans le milieu artistique.

« Dans un sens, ce que j’ai essayé de capturer, c’est la réalité du flux, pour que l’art reste une situation ouverte et incomplète, pour atteindre le ravissement de la vision. »

H2 L’exposition Ellsworth Kelly à la Fondation Louis Vuitton, Paris

Du 4 mai au 9 septembre 2024, pour célébrer le centenaire de la naissance de l’artiste, la Fondation Louis Vuitton, à Paris, présente : Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015. Une exposition qui regroupe plus d’une centaine de pièces de l’artiste, issues de grands musées internationaux et de collections privées. Pour vous y rendre, rendez-vous au 8 avenue du Mahatma Gandhi, 16e arrondissement, Paris (bois de Boulogne).